Peut-on encore, dans ce pays, s’exprimer et informer librement sur les questions énergétiques et environnementales? Pas sûr, à en juger par les pressions qui ont obligé la Haute Ecole Spécialisée de Suisse Occidentale (HES-SO) à se retirer de l’organisation d’une journée d’information destinée aux élus. Le président de la Fédération romande pour l’énergie (FRE) invite les gouvernementaux cantonaux à prendre position sur cette campagne d’intimidation. Voici le contenu de sa lettre ouverte.
«Afin de clarifier des notions souvent mal comprises et sources de confusion, notre fédération et la HES-SO ont mis sur pied une matinée d’information générale à l’intention des élus de Suisse romande qui se déroulera le 4 mai prochain. Comme vous le constaterez à la lecture du programme ci-joint, ce séminaire a pour but de ramener de la science et de l’objectivité dans le débat énergétique, en dehors de tout esprit partisan.
«Cette collaboration avec la HES-SO s’explique par nos excellentes relations, qui tiennent également au fait que le Conseil scientifique de la FRE a été présidé par le professeur Marcel Maurer, doyen à la HES valaisanne jusqu’à sa récente élection à la présidence de la ville de Sion.
«Dès l’annonce de cette manifestation, la direction de la HES-SO a fait l’objet de pressions de plus en plus fortes et directes de la part de milieux écologistes. Nous avons assisté à une véritable campagne d’intimidation qui, sur le plan politique, a culminé avec le dépôt d’une interpellation au Grand Conseil vaudois et par la menace d’un conseiller d’Etat de tutelle de la HES-SO de prendre position dans les médias pour se distancer de la participation de la Haute Ecole à cette journée. Face à une telle pression, et compte tenu de son intégration dans les structures cantonales, la direction de la HES-SO n’avait pas d’autre choix que de se retirer de cette journée d’information, qui sera néanmoins maintenue conformément au programme ci-joint.
«Cette campagne s’inscrit dans les efforts de certains milieux pour isoler et diaboliser tout individu ou organisation qui défend le recours à l’énergie nucléaire. A ce titre, la FRE est de longue date dans le collimateur des partis et associations écologistes. On veut nous faire passer pour des extrémistes de l’atome et des adversaires des sources renouvelables.
«Or notre fédération s’engage de longue date en faveur d’un recours mesuré à toutes les formes d’énergie disponibles, conformément à leurs potentiels respectifs et complémentaires. Partisans d’une large diversification, nous ne sommes pas des monomaniaques de l’atome, comme en témoignent les différentes publications éditées par notre fédération, et particulièrement la brochure «Quelles énergies pour demain?».
«Dans le domaine des énergies renouvelables, nous soutenons les efforts de recherche et de développement, ainsi que les programmes promotionnels conduits dans notre pays. Mais c’est également notre responsabilité d’en signaler les limites en termes de capacité d’approvisionnement, de coûts et d’impacts écologiques. Affirmer que le vent et le solaire, dans un pays industriel comme la Suisse, pourront se substituer aux centrales nucléaires actuelles et futures relève de la désinformation caractérisée. Ils constituent en revanche des sources énergétiques complémentaires qui méritent d’être pleinement prises en considération et développées dans la perspective d’une production d’énergie durable et de proximité. C’est d’ailleurs avec cette conviction que le soussigné assume un mandat professionnel dans le cadre de l’entreprise sol-E Suisse, consacrée aux énergies renouvelables.
«Indépendamment de la question énergétique, nous sommes très préoccupés par la campagne d’intimidation subie par la HES-SO. Face à cette situation, nous nous permettons d’interpeller votre Conseil pour qu’il préserve la liberté d’expression, la liberté académique des institutions publiques d’enseignement et de recherche, ainsi que le débat démocratique.
«Votre Gouvernement entend-il, le cas échéant, se distancer de cette campagne et affirmer la nécessité d’accepter la pluralité des opinions dans le domaine de l’énergie et l’environnement?»
(Signé: Serge Beck, président de la FRE).
Nous ne manquerons pas de publier dans le présent bulletin les réponses que cette lettre ouverte aura suscitées. Le séminaire d’information dont il est question se déroulera comme prévu, le lundi 4 mai prochain à Lausanne. Il reste quelques places disponibles. Voir le programme.
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