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notes de synthèse

Mai 2000


Evolution des besoins énergétiques

par Edgard Gnansounou*
et Sahar Pasche**


Comment minimiser les risques d’erreur en matière de politique énergétique? La présente note de synthèse retrace l’évolution de la demande au cours du siècle passé en Suisse. Puis elle évalue les besoins prévisibles des vingt à trente prochaines années. Compte tenu de différents paramètres, il apparaît que la consommation devrait continuer de croître, quoique à un rythme peu soutenu.



1. La consommation d’énergie au 20e siècle

Entre 1910 et 1998, la consommation d’énergie distribuée en Suisse a été multipliée par 8,5, passant de 100 à 849 petajoules (PJ). Le profil de cette croissance (fig. 1) reflète celui des cycles économiques et des grandes crises, notamment les deux guerres mondiales.


Figure 1 : Consommation d’énergie distribuée 1910-1998 (TJ)
(source : statistique globale suisse de l’énergie, OFEN)



Après une forte croissance entre 1945 et 1973, période pendant laquelle elle a augmenté de 6,6% par an, la consommation a chuté 1974 et en 1975, à la suite de la première crise pétrolière. Puis elle a repris sa croissance à un rythme moins élevé (4%/an) entre 1975 et 1979. La seconde crise pétrolière et la récession économique qui l’a suivie ont provoqué une baisse, puis une stagnation de la demande au début des années 1980. Le contre-choc pétrolier du milieu des années 1980, ajouté à la bonne tenue de l’économie suisse entre 1984 et 1990, a favorisé une reprise de la consommation énergétique, suivie d’une chute en 1994 et d’une croissance modérée jusqu’en 1996 qui s’expliquent en grande partie par le ralentissement des activités économiques entre 1991 et 1996. La baisse enregistrée distribuée en 1997 est due essentiellement à un hiver doux (nombre de degré-jours de chauffage inférieur de 12,6% aux valeurs de 1996).

La reprise économique amorcée en 1997 et confirmée en 1998 annonce-t-elle celle de la consommation énergétique en Suisse? Ceci dépendra de l’évolution des prix de l’énergie en général et du pétrole en particulier.

Compte tenu des progrès réalisés en matière d’efficacité énergétique pendant les deux dernières décennies et de l’évolution structurelle de l’économie, la production de biens et des services est désormais plus économe en énergie. On ne devrait donc plus connaître des taux de croissance tels qu’on les a enregistrés par le passé.


Evolution de la répartition par agent énergétique

a. Produits pétroliers
En 1998, les produits pétroliers couvraient 61% de la consommation d’énergie distribuée en Suisse, contre 79,6% en 1973 et moins de 1% avant la Première Guerre mondiale, période caractérisée par une prédominance du charbon (plus de 70% jusqu’en 1917).


Figure 2 : Evolution de la consommation finale des produits pétroliers (source : statistique globale de l’énergie, OFEN)


Après la Première Guerre mondiale, les produits pétroliers ont régulièrement progressé jusqu’en 1935, où ils représentaient 12% de la quantité d’énergie distribuée. Leur part s’est ensuite stabilisée jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, avant de s’effondrer pendant la guerre du fait des difficultés d’approvisionnement. En 1945, les produits pétroliers ne couvraient plus que 1% de la consommation d’énergie distribuée. A partir de cette année, leur part n’a cessé de croître aux dépens du charbon, qui ne fournissait plus que 1% de l’énergie distribuée au cours des années 1970.

Après la crise pétrolière de 1973, on observe une nette diminution de la part des produits pétroliers, en particulier celle des combustibles qui est passée de 55% en 1973 à 29% en 1998. En revanche, les carburants ont porté leur contribution de 25% en 1973 à 32% en 1996.

b. Electricité et gaz
Avec une contribution de 21%, l’électricité vient en troisième position derrière les carburants et les combustibles pétroliers. Après une progression régulière entre 1910 et 1946, sa part dans la consommation totale d’énergie distribuée s’est stabilisée, enregistrant même une baisse pendant les années 1960 et 1970 au profit des combustibles pétroliers. Dès 1973, ces derniers reperdent toutefois du terrain au profit de l’électricité d’abord, puis du gaz naturel. Depuis son introduction en Suisse à partir de 1969, le gaz naturel a enregistré une progression constante, passant de 1,6% en 1973 à 10,8% en 1998.

c. Autres agents énergétiques
On observe à partir de 1978 une relance du chauffage à distance et l’utilisation des déchets comme nouvelles sources d’énergie. Leurs parts restent toutefois très faibles, environ 3% en 1998. Quant aux nouvelles énergies renouvelables (solaire, éolienne, biomasse), elles enregistrent une légère croissance, passant de 0,4% à 0,7% de la consommation totale d’énergie distribuée. En 1998, la consommation par agent énergétique se présentait ainsi : produits pétroliers 61%, électricité 21%, gaz naturel 11%, autres (bois, charbon, énergies renouvelables, etc.) 7%.


Evolution de la répartition sectorielle de la consommation d’énergie distribuée
Depuis 1950, la consommation du secteur des transports n’a cessé d’augmenter. En revanche, la demande en énergie de l’industrie est restée stable entre 1970 et 1998, quoique avec des baisses importantes entre 1980 et 1985. Cette stabilisation est due au recul de la production industrielle et à l’amélioration des rendements des équipements de production.

En 1998, la répartition sectorielle de la consommation énergétique se présentait comme suit : transports 33%, ménages 29%, artisanat et agriculture 20% et industrie 18%.





2. Evolution prospective 1998 - 2030

En 1998, la Suisse comptait 7,127 millions d’habitants. De 1980 à 1998, l’accroissement démographique annuel moyen atteignait 0,7%. L’évolution à long terme dépendra beaucoup des flux migratoires. On admet ici les hypothèses suivantes :

Période Accroissement annuel moyen de la population (%/an)
1998-2020
2020-2030
0,30
0,20


Compte tenu de ces hypothèses, la population totalisera 7,612 millions en 2020 et 7,766 millions en 2030. Estimé à 2,4 personnes en 1999, la taille du ménage suisse moyen s’établira à 2,3 personnes en 2020, puis à 2,15 personnes en 2030. Autrement dit, le pays comptera 3,405 millions de ménages en 2020 et 3,624 millions en 2030.


Secteurs productifs

En 1998, le PIB du pays totalisait 329,053 milliards de francs (taux 1990). Entre 1980 et 1998, la croissance économique annuelle moyenne a atteint 1,5%. On part de l’idée qu’elle sera plus élevée pendant les 20 prochaines années, puis elle ralentira au cours de la décennie suivante (voir le tableau ci-après).

Période Croissance économique moyenne annuelle (%/an)
1998-2020
2020-2030
1,8
1,4
Le PIB (taux 1990) passerait ainsi de 487,210 milliards de francs en 2020 à 559,880 milliards en 2030.



Evolution de la consommation d’énergie

Ménages
Consommation en 1998 : 792 243 mégajoules par ménage

 
Hypothèses d'évolution
1998-2020
2020-2030
+1,2%/an
+1,0%/an
Consommation d'énergie distribuée (TJ)
2020
2030
350 853
412 437


Industrie, artisanat et commerce

 
Hypothèses d'évolution
1998-2020
2020-2030
-0,1%/an
-0,5%/an
Consommation d'énergie distribuée (TJ)
2020
2030
704 083
769 545


La consommation d’énergie globale atteindrait ainsi 1,055 millions de terajoules en 2020 et 1,181 terajoules en 2030. Ces chiffres correspondent à un accroissement annuel moyen de 1,0% entre 1998 et 2020, puis de 1,14% entre 2020 et 2030. Le rythme plus élevé entre 2020 et 2030 est dû au fait que la diminution de l’intensité énergétique pendant cette période est plus lente, ce qui compense la croissance économique plus faible (la croissance annuelle moyenne de la consommation entre 1980 et 1998 était de 1,36%/an).

Ces chiffres ne sont que des valeurs indicatives. Ils devront être régulièrement adaptés à l’évolution des paramètres socio-économiques.



* Dr ès sciences, chargé de cours à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne - tél. 0041/21/693 24 83 ; fax : 693 28 63 ; e-mail : edgard.gnansounou@epfl.ch

** Dr ès sciences en physique, consultante en gestion et marketing énergétique - tél. 0041/21/651 76 27 ; fax : 651 76 28 ; e-mail : ecost@swissonline.ch




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