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Octobre 1985
Désinformation
(1)

Comment les
services fédéraux s'informent-ils sur
les questions qui les concernent directement? De manière
parfois très inattendue, comme en témoigne
la fameuse et toute récente affaire du "cahier
n*43". But inavoué mais quasi transparent
de cette publication de l'Office de la protection de
l'environnement: compromettre l'énergie nucléaire
avec le dépérissement des forêts.
Une superbe opération de désinformation!
L'idée lumineuse de cet office fédéral:
confier à un bureau d'études, connu pour
ses attaches avec les milieux antinucléaires,
un mandat de recherches sur le thème "radioactivité
et dépérissement des forêts".
Et de publier quelques mois plus tard une "étude"
selon laquelle (et au mépris de toutes les recherches
et mesures antérieures sérieuses), "il
n'est pas exclu que les dommages aux forêts puissent
être imputés aux rejets radioactifs des
centrales nucléaires".
Tel est, en substance, l'un des événements
de l'actualité de cet été. Ses
protagonistes en sont l'Office fédéral
de la protection de l'environnement et le bureau d'études
de Zurich "Infras", spécialisé
dans l'écologie et l'aménagement du territoire.
Or cette société n'a jamais caché
ses convictions antinucléaires. Elle s'est notamment
engagée activement dans les campagnes précédant
les votations sur l'atome en Suisse. Dès lors,
en lui confiant un mandat de recherches à caractère
scientifique, l'Office de l'environnement ne pouvait
ignorer qu'il s'engageait sur un terrain miné.
Et ça n'a pas manqué ! Dans sa documentation,
Infras a fait une large place au biologiste allemand
G. Reichelt, dont les travaux sont considérés
outre-Rhin comme une joyeuse plaisanterie. Pour démontrer
la nocivité des installations nucléaires,
M. Reichelt avait fondé toute sa démonstration
sur l'exemple d'une centrale allemande autour de laquelle
il n'y avait pas de forêt.
Par la suite, une expertise de l'Institut de recherche
des eaux et forêts de l'Université de Freiburg
devait qualifier ces travaux de "superficiels,
dilettantes et arbitraires". C est dire qu'ils
n'avaient pas leur place dans des documents émanant
de la Confédération.
D'autant plus que l'Office pouvait s'appuyer sur les
travaux de la Commission fédérale de surveillance
de la radioactivité et de la division principale
de la sécurité des installations nucléaires.
En tant que services spécialisés de la
Confédération, ces instances mesurent
avec une précision extrême les rejets radioactifs
des centrales et leurs effets sur l'environnement.
Ces contrôles ont notamment permis d'établir
que les doses d'irradiation additionnelles imputables
aux centrales nucléaires étaient
insignifiantes, soit inférieures à 1%
de la radioactivité naturelle qui n'est elle-même
qu'une fraction des taux d'activité considérés
comme dangereux pour la santé humaine.
"Toute influence de ces rejets sur le dépérissement
des forêts est donc exclue", confirmait,
dans un communiqué, le Département fédéral
de l'intérieur qui est, soit dit en passant,
l'autorité tutélaire de l'Office de l'environnement.
Que cache l'opération "Infras"? Toute
forme d'énergie présente des avantages
et des inconvénients. Le nucléaire n'échappe
pas à la règle. Mais il présente
le formidable avantage de ne pas polluer l'atmosphère.
Raison pour laquelle certains milieux s'efforcent de
lui attribuer un rôle dans la mort des forêts.
Il ne fait pas de doute que nous allons assister à
d'autres tentatives de la même veine, selon la
formule éprouvée: "Mentez, mentez!
Il en restera toujours quelque chose".
Il est décidément urgent de retirer la
politique énergétique des marais de l'idéologie
et de la rétablir sur le terrain plus ferme de
la rigueur scientifique et de la vérité
économique.
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