L’eau contribue à hauteur de 36,4 milliards de kilowattheures (55,2%) à l’approvisionnement en électricité du pays. Selon les évaluations les plus récentes, cette capacité pourrait être portée à 42 milliards de kWh d’ici à 2035, en augmentant la puissance globale des ouvrages de production de 3000 mégawatts.
C’est ce qu’a souligné Michael Wider, directeur à EOS Holding, lors de l’assemblée de la FRE, le 12 novembre à Lausanne. Il précisait toutefois que cette évaluation ne tenait pas compte d’éléments restrictifs liés à des aspects politiques et environnementaux, en particulier la question des débits résiduels et les changements climatiques attendus. Ce sont en particulier les aménagements de pompage turbinage qui sont les plus prometteurs, en soutien aux nouvelles énergies renouvelables.
Il y aurait, dans le sous-sol helvétique, l’équivalent de dix à vingt années de consommation de gaz naturel. Cette estimation est confirmée par le consultant en géologie Werner Leu, chargé de cours à l’EPFZ. «La hausse des prix du combustible et la disponibilité de nouvelles technologies d’exploration, souligne-t-il, conduisent des compagnies suisses et étrangères à entreprendre des forages profonds, en particulier dans la basse plaine du Rhône et dans les cantons de Berne et de Zurich». On en saura plus sur les potentiels réalistes d’ici à deux ans au plus tard.
Des concentrations d’uranium, parfois importantes, ont été mises à jour dans les Alpes valaisannes. C’est ce qu’a rappelé le physicien Bruno Pellaud, président du Forum nucléaire suisse. En certains endroits, les roches présentent des teneurs moyennes de 1%, alors qu’en Australie par exemple, on exploite des gisements avec des taux de 0,1% déjà.
Le décuplement des prix du combustible résultant de la relance du nucléaire dans le monde entraîne un nouvel examen des ressources minières valaisannes. Le canton a récemment délivré des permis de recherche à plusieurs sociétés. Pour Bruno Pellaud, l’exploration d’uranium en Valais pourrait ouvrir la voie à une réserve stratégique capable de ravitailler le parc nucléaire du pays en cas de tension sur le marché international, et d’améliorer ainsi la sécurité d’approvisionnement en électricité.
Quant au nouveau renouvelable, sur lequel beaucoup fondent de gros espoirs, toute contribution significative en Suisse ne peut s’inscrire que dans le plus long terme. «Après des années de recherche et développement, le solaire et l’éolien ne fournissent toujours q’un demi pour mille de l’électricité suisse», rappelle le professeur Marcel Maurer. C’est dire les efforts qu’il faudra consentir pour porter leur part à quelques pour-cent. Le rôle de ces sources dépendra beaucoup des progrès techniques à venir et de la possibilité de les développer sans porter une atteinte excessive aux paysages.