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22.09.86

Ozone, déboisement, gaz carbonique

Les trois risques majeurs
Dans le ciel, le bouclier d'ozone qui nous protège des rayons nocifs issus de l'espace s'effiloche. Sur Terre, le déboisement s'accélère, et avec lui le processus de désertification. Entre-deux, le gaz carbonique s'accumule. Telles sont les plus graves menaces qui pèsent sur notre environnement à l'échelle mondiale. Or l'urgence des mesures à prendre pour s'en protéger varie en raison inverse de la difficulté à les mettre en œuvre.
Le danger le plus immédiat est la destruction de l'ozone qui, dans la haute atmosphère, arrête les rayons ultraviolets. Cette enveloppe protectrice semble progressivement grignotée par les fréons, ces gaz contenus dans les innombrables bombes et atomiseurs d'usage courant, ainsi que dans les réfrigérateurs de toutes tailles.
Ce processus de détérioration est en cours et paraît même progresser rapidement, augmentant de manière appréciable les risques de cancers de la peau. Que faire? Interdire sans délai l'usage des fréons dans les atomiseurs et soumettre les réfrigérateurs à une stricte réglementation, en particulier lors de leur mise au rebut. Il s'agit là de mesures réalistes parce qu'elles n'auront pas de répercussions sensibles pour l'économie mondiale.
Deuxième menace: le déboisement intensif qui affecte de grandes régions du globe, notamment les forêts équatoriales. A ce rythme, certaines d'entre elles auront disparu dans un délai de dix à vingt ans. Avec, pour conséquence, l'accélération du processus régional de désertification et son cortège d'effets secondaires, tels les risques de famines. Ce phénomène a également pour effet de réduire sensiblement les surfaces vertes absorbant le gaz carbonique (C02 ) que nous produisons à grande échelle (env. 20 milliards de mètres cubes en 1987).
La sauvegarde des forêts restantes requiert également des mesures urgentes. Mais ce sera autrement plus difficile que dans le cas des fréons. Dans les régions concernées, le bois est l'une des rares ressources naturelles et constitue parfois le combustible de base des populations pauvres.
Le troisième danger tient à l'augmentation de la teneur en gaz carbonique dans l'atmosphère. Cette accumulation du CO2 est due au fait que les neuf dixièmes de l'énergie consommée dans le monde proviennent des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz, bois). Le gaz carbonique et les autres produits issus de cette combustion sont simplement rejetés dans l'atmosphère. Conséquence: le fameux "effet de serre" avec, en quelques décennies, des bouleversements climatiques imprévisi­bles.
C'est dans les pays en développement que les besoins en énergie croissent le plus vite. Et il est hors de question de freiner cette évolution en restreignant. leur recours aux combustibles fossiles. Il revient dès lors aux pays industriels de se porter aux premières lignes pour conjurer la menace du C02. Mais comment?
Des techniques visant à fixer ce gaz carbonique existent en théorie. Mais leur mise en œuvre sera longue et onéreuse. D'ici là, il n'existe qu'un seul moyen à l'échelle mondiale de stabiliser, voire de réduire l'usage des combustibles fossiles: un recours accru au nucléaire, dont les dangers, fortement exagérés, sont peu de chose en comparaison des conséquences très réelles d'une profonde modification climatique générale.

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