La fin de l'Etat-nation | Le lord "pacifiste" | La dynamique | Les ONG | La vision de Cousteau
A cet égard, la bête noire de Bertrand Russel et de ses amis de l'oligarchie financière anglo-saxonne fut le général de Gaulle, qui avait parfaitement pris la mesure de la menace et qui s'est donné les moyens d'y faire face. Toutes les campagnes parfaitement orchestrées pour ridiculiser la "bombinette" française furent vaines. D'autant plus qu'en engageant simultanément un programme de nucléaire civil, le général créait les conditions d'une réelle indépendance énergétique et suscitait une dynamique de progrès industriel global. Surpris par la vivacité de la réaction française, les tenants du gouvernement mondial devaient au moins éviter que l'exemple français ne fasse école.

Contrairement à ce qui se dit aujourd'hui, l'existence de la bombe n'avait pas, initialement, porté ombrage au nucléaire civil. Jusque dans les années 60, la construction des premières centrales ne rencontra pas d'opposition. L'utilisation pacifique de l'atome était même vue sous un jour positif, à l'image du Programme Eisenhower, intitulé "Les atomes pour la paix", qui proposait la construction de deux mille réacteurs pour l'an 2000.

Il fallait donc donner une sérieuse impulsion pour altérer cette image positive. La volonté d'induire un changement global d'orientation socio-économique fut présentée publiquement pour la première fois en mai 1967, lors d'une "Conférence sur les déséquilibres technologiques et la coopération", organisée à Deauville sous l'égide de l'OTAN. Les animateurs de cette réunion, dont le directeur du Comité économique de l'Institut Atlantique, Aurelio Peccei, et Zbigniew Brzezinski, futur conseiller du président Carter pour la sécurité nationale, définirent ainsi les nouvelles orientations de la société mondiale de leur choix:

L'homme dominant la nature grâce à sa maîtrise scientifique sera remplacé par l'homme intégré dans une nature aux lois immuables. La "communion avec la création" se substituera à l'intervention transformatrice.

La technologie remplacera la science, et l'univers de l'immatériel et du virtuel celui de l'économie physique. Dans ce nouvel âge technologique, l'homme ne sera plus limité à la production de biens matériels, mais plutôt affecté à la transmission d'informations et d'idées. C'est la thèse de la société post-industrielle.

Les institutions politiques seront remodelées pour mieux refléter cette nouvelle réalité postindustrielle, d'où la nécessité d'une démocratie "anticipatoire" qui viendrait remplacer l'Etat-nation. La régime démocratique traditionnel s'effacera devant un système de "formation continue" de l'opinion.

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